Animation culturelle«Pour vivre de véritables retrouvailles avec la cité et ses hommes»
Interview • Abdelmalek Hounain, directeur de Rabie Ouazzane-Festival des arts authentiques Publié le : 06.06.2008 | 17h13 A l'occasion de Rabie Ouazzane -Festival des arts authentiques-, Abdelmalek Hounain, directeur de cette manifestation, revient sur la portée d'un tel événement organisé dernièrement par son association.
Le Matin : A quoi correspond le Festival Rabie Ouazzane que votre association compte organiser une fois par an ?Abdelmalek Hounain : L'organisation du festival Rabie Ouazzane - festival des Arts authentiques - dans sa deuxième édition par l'Association Dar Ouazzane pour le développement et la culture, en partenariat avec le Conseil municipal de la ville, est l'occasion tant espérée pour vivre de véritables retrouvailles avec cette cité et ses hommes (responsables, acteurs économiques, artisans, artistes, citoyens,…). Au fond des cœurs et des esprits existe, en effet, le sentiment sincère visant à «renouer» avec Ouazzane et sa région que ce soit de la part de la diaspora ouazzanie ou de la part des habitants qui attendent une synergie à même de donner plus de visibilité aux potentialités et aux trésors enfouis de notre cité.
Les enjeux de l'association Dar Ouazzane pour le Développement et la Culture sont donc de taille : contribuer à développer la ville et sa région et faire appel aux potentialités locales et nationales.
Les membres de l'Association Dar Ouazzane, conscients de ces enjeux et inscrivant leurs actions dans l'esprit de l'Initiative Nationale du Développement Humain initiée par Sa Majesté le Roi Mohamed VI, veulent, par le biais de ce festival, entre autres, donner un coup de projecteur pour mettre en lumière les différentes facettes de la ville et lever un coin de voile sur les perspectives de son développement durable. Pour ce faire, une conjugaison d'efforts s'avère indispensable : autorités locales et provinciales, élus, société civile… De même, une conjugaison de talents est la bienvenue : artisans, artistes, écrivains… Chacun apportera donc sa touche pour brosser le tableau qui nous tient tous à cœur : celui de Ouazzane et de sa région. Les symboles forts n'y manqueront certainement pas vu le passé glorieux de la ville mais quelques faiblesses sont aussi à mettre en relief : absence d'un secteur touristique actif, difficultés de l'artisanat, détérioration du patrimoine architectural, absence d'une industrie génératrice d'emplois…
Vous exercez dans le monde de l'audiovisuel, la SNRT en l'occurrence, qu'est-ce qui explique ce «retour aux sources» de votre part ?Autant faire profiter Ouazzane de notre savoir-faire dans le monde des arts du spectacle et dans celui de l'audio-visuel pour mettre en valeur ses atouts, promouvoir son image et –pourquoi pas ?- drainer d'éventuels investissements pour donner à la ville un nouvel élan sur le plan économique. La clef expliquant notre «investissement» personnel reste- faut-il le souligner- l'amour que nous portons à cette cité millénaire. C'est une ressource inépuisable et capitale. Ayant été un tremplin pour des milliers de cadres brillants, Ouazzane a malheureusement été ensuite victime du sort réservé à une destination oubliée, de second ordre... Il est donc grand temps de «renverser la vapeur» et de témoigner à cette ville la reconnaissance qu'elle mérite. Cette ouverture sur «l'horizon Ouazzane», passé inaperçu pour quelque temps, se fera, par la même occasion, sur la région qui constitue son prolongement naturel. Autant donc souligner avec force ce trait d'union (ville-région) qui a de tout temps pleinement joué. L'idée de mettre en place un festival haut en couleurs dont Ouazzane est la vedette a –rappelons-le au passage- réussi à fédérer les énergies et a fait en sorte que la persévérance du travail d'équipe ait raison des différentes embûches qui se sont dressées tout au long des étapes préparatoires de cette manifestation. Le besoin de disposer dans l'avenir d'une station de radio s'est fait vivement sentir car la médiatisation de toute action qui a trait au développement est obligatoire. Cela permettra aussi à cette localité d'occuper une partie du champ audio-visuel et de faire connaître ses atouts auprès d'un large public. D'autre part, dans un monde «mondialisé», pour vendre le produit «Ouazzane-région», il est vital de prévoir un carrefour comme celui que résume l'idée d'un festival et de faire appel, à l'heure qu'il est, à un grand nombre de relais médiatiques pour démultiplier l'information avant, pendant et après cet événement.
Quels ont été les moments forts de la dernière édition du festival dont Ouazzane a été le théâtre pendant presque une semaine ?Je pourrai rappeler à ce sujet, et dans l'ordre du calendrier établi à cette occasion, le Grand Couscous aux herbes qui a été, de l'avis de tous, un grand succès compte tenu des dimensions prévues,du nombre du public présent,de l'ambiance festive qui a accompagné l'événement sans parler de la couverture médiatique qui s'en est fait l'écho et qui ne peut ,bien entendu,que servir «l'image» de la ville et sa région d'autant plus que les herbes aromatiques utilisées pour cette préparation(pour ce «plat»particulier) ont été glanées dans les environs de Ouazzane au cœur d'une végétation luxuriante et singulière.
Autre temps fort : l'exécution d'un travail artistique, de grande envergure là aussi;il s'agissait de peindre à plusieurs une toile de 16 m sur 4 qui allait être suspendue au- devant de la scène où allait se produire nombre d'artistes de talent lors des soirées du 23 et du24 mai devant un immense public de spectateurs.
Une trentaine de jeunes écoliers y avait participé avec grande application en présence de plusieurs artistes qui ont assuré l'encadrement sur
le plan pictural autour du thème: le «printemps de Ouazzane»(Rabie Ouazzane).
Avec le Grand Couscous et la Grande Toile, c'était pour nous une façon de marier les plaisirs de la bouche et ceux du regard et une occasion pour que le public s'implique davantage et «s'approprie» , en quelque sorte, le festival . C'était aussi ,vous vous en doutez,une belle occasion de communiquer autour du savoir-faire et du savoir-vivre Ouazzanis .On a aussi clos –en apothéose -une bonne partie de la soirée du vendredi 24 par un feu d'artifice mémorable puisque c'était une «première»(une primeur,j'allais dire).Et puis, je n'oublierai pas d'ajouter que les paroles d'une belle chanson ont porté sur Ouazzane et la générosité de ses habitants,chanson qui a été composée et chantée à l'occasion du festival , reprise en chœur et ovationnée par le public de cette même ville .Et puis,,je terminerai en disant que chaque opération a été véritablement un moment fort, émouvant.. ,sans oublier le regard pétillant de joie et plein de reconnaissance de milliers de jeunes et moins jeunes qui ont savouré le menu varié, et haut en couleurs , offert pour la deuxième fois à la population de la ville et sa région.
Ce qui nous fait,bien évidemment, oublier l'ampleur des efforts harassants consentis pour monter une telle opération et ,encore et toujours ,c'est l'amour de la cité et sa région qui habitera notre cœur et notre esprit,surtout après la visite royale qui nous a «donné des ailes» et à laquelle nous resterons reconnaissants pour toujours.
Par Driss Lyakoubi | LE MATIN
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