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 OUAZZANE

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2 participants
AuteurMessage
jeronemo
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Nombre de messages : 1
Date d'inscription : 02/05/2008

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MessageSujet: OUAZZANE   OUAZZANE EmptyVen 2 Mai - 20:51

Ouazzane est une brèche dans l’histoire, une brûlure dans le ciel. Ouazzane n’a pas de nom, et pourquoi la nommerait-on si elle dépasse toute interrogation géographique et rejoint, croise le fleuve de la mort. Ce n’est qu’une petite ville pourtant ! Je connais par cœur ses rues étroites, ses impasses où tant de misères sont ensevelies. Il faut l’avouer, ma ville est une bâtarde fière de sa blancheur, de sa saleté, de ses pierres entassées, accumulées à travers les siècles … . Elle étale, comme deux seins rongés par le temps, ses flancs meurtris par le flamboiement du soir, l’heure où les vilaines et mesquines convoitises se mettent en branle. Mais avant toute chose, il y a la voix du muezzin qui déchire le ciel immense : C’est l’appel à la prière, l’unique voix du salut « Dieu est grand, Dieu est grand … » résonances marquant, attestant d’une façon indubitable la présence providentielle de Dieu. A cette vibration sonore, répondent d’autres voix émergeant des autres mosquées. Car il y a partout des mosquées comme si la foi religieuse débordait de toutes les âmes et il n’en faut que des maisons de Dieu pour la faire épanouir et affermir.

Ouazzane s’étend sur deux ouvertures : l’une sur la prison et l’autre sur l’hôpital. Ceci est singulier et même étonnant. J’en ris maintenant que les amarres, qui me liaient à cette ville maudite, sont rompues. Elle est sise comme un creux de main sur une montagne ; mais de toutes les terrasses, on peut jouir librement de ces plaines et ces collines qui descendent et remontent comme des nappes couvertes de maintes couleurs à longueur des saisons.

Au début, c’est elle qui m’a possédé, fasciné, obsédé. Son image s’est inscrite,s’est incorporé dans mon sang ; je la sens fourmiller de toutes les vies, de tous les mensonges et de toutes les haines. Oui, notre amour ressemble à un baptême douloureux, voué préalablement à l’avortement. Sur chaque muraille, sur chaque porte, il y a une parcelle de ma mémoire sclérosée éternellement !

Ouazzane est une figure de l’absence, de l’ennui ; elle est plutôt la capitale de l’ennui. Il ne s’agit pas de ce simple désoeuvrement et de ce vide intérieur qu’on trouve en chacun de nous : C’est un ennui d’une autre nature, autant dire que c’est une ville ne pouvant être réservé qu’aux retraités, aux aliénés, aux anciens combattants qui portent en eux la nostalgie d’un monde suranné, ruiné à jamais. Cet ennui est une bête puante collée à votre peau et il n’y a plus de refuge que les cafés où le vacarme de toutes sortes de gens et la fumée du tabac et du kif vous pénètre insensiblement jusqu’aux muselles. Ou alors, vous préférer souvent entrer dans une salle de cinéma, se perdre dans le noir et, s’accrocher à une image enchanteresse dont la mouvance perpétuelle efface le quotidien. Mais aussitôt après la fin des illusions, l’ennui revendique sa souveraineté. Dehors,et à la tombée de la nuit, vous battez les mêmes trottoirs ; vous ressentez le même choc du matin, les mêmes visages vous regardent, vous guettent et vous harcèlent.

Parfois, une bouffée d’air venant du nord vous fait penser à votre corps que vous traîner librement au sein de même cohue, un corps dont la jeunesse, la force et le feu sont usés et presque éteints comme un bois qui se consume, s’émiette et se refroidit enfin sous une grêle de neige. Avec vos épaules courbés, écrasés sous le poids d’une étrange lassitude, vous frayez pourtant un chemin parmi les marchants ambulants dont les cris de détresse se mêlent aux plaintes stridentes des mendiants. Maintenant, la ville est illuminée ; de toutes parts grouille un monde qui se réveille de sa léthargie et déverse dans les rues. Vous tentez de vous éclipser, pour n’être pas la proie des mêmes regards, mais vous êtes déjà prisonnier d’un cercle vicieux : là où vous tournez, la morsure demeure la même. Là-bas, au détour d’un jardin public, les prostituées sombrent dans une attente anxieuse de la clientèle qui se fait rare ces derniers temps. Qu’importe ! Le martèlement de vos pas sur le pavé n’est que l’écho du battement du cœur de la ville qui refuse encore de vous communiquer son vrai langage, de vous révéler sa propre boue. Vous balbutiez des mots insensés et vous asseyez soigneusement sur un banc. Le ciel semble d’un calme équivoque. La lune s’estompe derrière un îlot de nuages. Vous avez envie de rêver, d’invoquer un autre ciel plus beau, plus tendre et plus pathétique. Mais la ville, le spectre de la ville s’interpose de nouveau et exclut brutalement les premières esquisses de vos désirs.

Ouazzane est une légende dans le temps, une percée lumineuse dans la nuit, une cicatrice ouverte sur le vent glacial. Je sais que notre rupture n’a jamais été le jeu d’une complaisance ni l’effet du hasard. Enfin, nous nous reconnaissons si bien qu’il est inutile de dévoiler les secrets. Ensuite tu m’as inculqué déjà ce principe de la discrétion et tu m’as promis une belle mort ; au moins j’aurai un linceul, une surface bien mesurée pour mon enterrement (juste ce qu’il faut pour couvrir mon corps). Bien plus, il y aura toujours un pauvre homme qui lira des versets du coran sur ma tombe. Je crois que ça sera le jour du vendredi. Oui, ta promesse est irrévocable. Notre séparation doit être définitive. Le jour où j’ai à peine commencé à découvrir ton visage ; tu m’as condamné au silence. J’ai refusé carrément de me soumettre à tes compromis. D’ailleurs, c’est moi qui ai raison, tout à fait raison. Pourquoi accepterai-je un tel dépaysement, une telle désolation alors même que de quelque manière que ce soit je mourrai ? Pourquoi recèlerai-je tes secrets tandis que la mort ronge à cette heure même, mon corps ainsi qu’une charogne rejetée sous le soleil ? Non, je te dénoncerai totalement, je te forcerai à reculer devant mes poignantes invectives jusqu’à ce que tu avoues l’inavouable : tu m’a tant humilié et voilà ton tour. C’est simple. Il faut que quelqu’un de nous ait le dernier mot. Ey je ne mourrai que dans la joie et la paix car tout sera consommé, non à la façon dont tu l’as prévu, mais selon mon cœur et ma volonté. Peut être qu’avec le surgissement d’une nouvelle aurore, notre antipathie diminuera-t-elle, et saurons-nous parler avec moins de violence, mais d’ici-là, je n’ai de temps que pour assouvir ma haine intarissable, seul fondement de toute ma vie !!!


Dernière édition par jeronemo le Mar 27 Mai - 16:21, édité 2 fois
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Touhami Mahdi
esprit ouvert
Touhami Mahdi


Nombre de messages : 80
Date d'inscription : 07/05/2006

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MessageSujet: Re: OUAZZANE   OUAZZANE EmptyMar 13 Mai - 3:48

très très jolle tous ça
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